Squirting : Le guide ultime (science, mythes et plaisir)

Squirting : Le guide ultime (science, mythes et plaisir)
15-12-2025👤 Thepornator🕒 22 min


Le terme « squirting » évoque une image puissante et souvent idéalisée de l'orgasme féminin. Propulsé par la pornographie, il est devenu un Graal sexuel pour certains, une source de honte pour d'autres, et un immense point d'interrogation pour la science. Est-ce un signe de plaisir suprême ? Est-ce de l'urine ? Est-ce que toutes les personnes ayant une vulve peuvent y parvenir ? Pendant des siècles, la question est restée taboue ou reléguée au rang de mythe. Aujourd'hui, grâce à l'imagerie médicale et aux analyses biochimiques, la science offre enfin des réponses concrètes. Cet article se propose de décortiquer le phénomène du squirting et de son cousin, l’éjaculation féminine, de leur anatomie complexe à leur impact culturel et relationnel. Préparez-vous à déconstruire les légendes pour mieux comprendre les extraordinaires capacités du corps.

Les Confusions Fondamentales : Squirting vs. Éjaculation Féminine

Dans le langage courant et dans les représentations médiatiques, le terme « squirting » est utilisé de manière générique pour désigner toute expulsion de liquide par la vulve lors d'une stimulation sexuelle intense. Cependant, la sexologie et la recherche médicale moderne (urologie, gynécologie) ont établi qu'il existe deux phénomènes physiologiques distincts, d'origines anatomiques et de compositions chimiques différentes. Cette distinction est cruciale pour comprendre la nature exacte du fluide et déconstruire les mythes persistants.

Le Squirting (Émission Fontaine) : Un Phénomène Vésical Dominant

Le squirting, ou "émission fontaine", est l'événement le plus spectaculaire et celui qui a été le plus mis en scène. Il se caractérise par :

  • Le Volume : Il est abondant, pouvant varier de quelques dizaines de millilitres à plus de 300 ml chez certaines personnes. Il s'agit d'un flux puissant, souvent expulsé en jet, d'où le terme anglais "squirt" (gicler).
  • L'Aspect : Le liquide est généralement clair, transparent et très aqueux, ressemblant fortement à de l'eau.
  • L'Origine : De manière quasi-unanime, la science conclut que le liquide du squirting provient principalement de la vessie, et est expulsé par l'urètre (le conduit urinaire).

La Preuve Scientifique de l'Origine Vésicale

Pendant longtemps, ce phénomène a été sujet à controverse, certains affirmant qu'il s'agissait d'une simple incontinence urinaire et d'autres d'un fluide glandulaire mystérieux. Les études rigoureuses menées par des chercheurs comme **Zaviacic, Pastor ou Puppo** ont levé le voile en utilisant des méthodes d'investigation objectives :

  1. L'Échographie : Des échographies pelviennes réalisées en temps réel ont montré que la vessie des participantes était pleine avant la stimulation et significativement (ou totalement) vidée immédiatement après le squirting.
  2. Les Analyses Biochimiques : Le liquide expulsé a été analysé pour ses composants. Les chercheurs y ont trouvé des concentrations élevées d'éléments caractéristiques de l'urine, notamment l'urée, la créatinine et l'acide urique.
  3. Les Tests de Coloration (Mise en Évidence) : Dans une série d'expériences cliniques, un colorant inoffensif (tel que le bleu de méthylène ou l'indigo carmin) a été injecté dans la vessie des participantes. Le liquide recueilli après le squirting s'est révélé être coloré, prouvant de manière irréfutable qu'il avait transité par la vessie.

Conclusion : Bien que le squirting soit de l'urine, ce n'est pas une miction classique ni une incontinence. Le liquide est souvent **fortement dilué** (probablement par un afflux de fluide sanguin et lymphatique dans la vessie ou l'urètre sous l'effet de l'excitation) et son expulsion est un **réflexe involontaire** associé à une intense stimulation du plancher pelvien et de la région para-urétrale, exigeant un profond lâcher-prise.

L'Éjaculation Féminine (Éjaculat) : L'Équivalent du Liquide Prostatique

L'éjaculation féminine est un phénomène distinct, beaucoup plus discret, qui se rapproche de l'éjaculation masculine par son origine tissulaire et sa composition chimique. Il est caractérisé par :

  • Le Volume : Il est très faible, se comptant en millilitres (environ 1 à 5 ml), soit l'équivalent d'une petite cuillère. Il est souvent absorbé par les draps ou la lubrification sans être remarqué.
  • L'Aspect : Le liquide est blanc, laiteux ou légèrement translucide, avec une consistance plus crémeuse que le squirting.
  • L'Origine : Il provient des Glandes de Skene (ou glandes para-urétrales), situées de part et d'autre de l'urètre.

L'Éjaculat : Le Vrai Homologue du Sperme

Les Glandes de Skene sont considérées comme l'homologue embryonnaire de la prostate masculine. Leur sécrétion est donc le véritable « sperme féminin » au sens biochimique, car elle contient des marqueurs spécifiques aux fluides prostatiques.

  • Antigène Spécifique de la Prostate (PSA) : C'est la signature chimique la plus importante. Le PSA est une enzyme présente en grande quantité dans le sperme masculin. Sa présence dans le liquide des Glandes de Skene (l'éjaculat) prouve que ces glandes ont une fonction sécrétrice équivalente à celle de la prostate.
  • Fructose : L'éjaculat féminin contient également du fructose, un sucre qui nourrit les spermatozoïdes dans le sperme masculin et qui est produit par la prostate et les vésicules séminales.

Ce fluide est souvent libéré par les orifices des Glandes de Skene (situés dans le vestibule, près de l'ouverture urétrale) lors d'une stimulation intense de la paroi antérieure du vagin (souvent appelée Zone G). Ce liquide n'est ni de l'urine, ni de la cyprine (lubrification vaginale). Il est la preuve anatomique que l'éjaculation est un phénomène qui n'est pas exclusif au sexe masculin.

Interaction entre les Deux Phénomènes

Il est important de noter que le squirting et l'éjaculat peuvent se produire séparément ou simultanément, car ils sont déclenchés par la stimulation de régions anatomiques très proches (le Complexe Clitoro-Uréthro-Vaginal).

Lorsqu'ils se produisent ensemble, le volume abondant du squirting (l'urine diluée) masque généralement la faible quantité d'éjaculat (le liquide prostatique). C'est pour cette raison que, dans les contextes où l'on observe un jet important, la composition majoritaire reste celle du fluide vésical. Le mystère entourant le "squirting" est en grande partie dû à la confusion entre ces deux expulsions.

L'Anatomie du Plaisir et du Mystère

L'anatomie féminine de la réponse sexuelle est d'une complexité fascinante, mais elle a été historiquement moins bien documentée que celle de l'homme, contribuant aux mythes entourant le squirting et l'éjaculation. La clé pour comprendre ces expulsions réside dans un réseau serré de structures localisées dans la paroi antérieure du vagin, souvent regroupées de manière simplifiée sous l'appellation controversée de « Point G ». C'est l'interconnexion de ces tissus érectiles, glandulaires et nerveux qui rend la zone si sensible et capable d'une telle réaction physiologique.

Les Glandes de Skene : La « Prostate Féminine » et l'Éjaculat

Les **Glandes de Skene**, également nommées glandes para-urétrales, sont l'épicentre anatomique de l'éjaculation féminine. Elles sont situées de part et d'autre de l'urètre, dans la paroi supérieure du vagin.

  • Origine Embryonnaire : Leur surnom de « prostate féminine » est loin d'être anecdotique. Ces glandes sont issues du même tissu embryonnaire que la prostate masculine. C'est cette origine commune qui explique pourquoi elles produisent un liquide chimiquement similaire au fluide prostatique (le vrai éjaculat féminin, riche en **PSA** et en **fructose**).
  • Rôle Protecteur : En plus de la réponse sexuelle, les glandes de Skene pourraient jouer un rôle dans la santé urinaire en sécrétant des substances (comme le zinc et les lysozymes) qui possèdent des propriétés **antimicrobiennes**. Ces sécrétions contribuent à protéger l'urètre et la vessie contre les infections, soulignant que cette structure a une fonction biologique qui dépasse largement le cadre du plaisir.
  • Le Déclenchement : La stimulation directe ou indirecte de la zone où se situent les glandes de Skene (par pénétration ou par des mouvements de massage ou de pression sur la paroi antérieure) provoque leur contraction et la libération de l'éjaculat en faible quantité.

Le Complexe Clitoro-Uréthro-Vaginal (CUV) : Le Cœur de la Réponse

Le fameux **Point G** (ou Point de Gräfenberg, du nom du médecin qui l'a décrit) n'est pas un point unique, mais une région hautement sensible. La science préfère utiliser le terme de **Complexe Clitoro-Uréthro-Vaginal (CUV)** pour désigner cette zone, reconnaissant l'interdépendance des structures impliquées dans les orgasmes profonds et les expulsions de fluides.

Le CUV englobe :

  1. Le Clitoris Interne : Seule une petite partie du clitoris est visible (le gland). L'essentiel de l'organe s'étend sous les tissus. Le CUV est directement connecté aux **bulbes et aux piliers du clitoris**, des corps caverneux qui s'engorgent de sang pendant l'excitation. C'est l'engorgement de ces tissus érectiles, situés juste derrière la paroi vaginale antérieure, qui rend la zone G sensible.
  2. L'Urètre : Le conduit urinaire traverse le centre de ce complexe. Son tissu est également sensible à l'engorgement et à la pression. La proximité entre l'urètre et les structures érectiles explique la sensation particulière, mêlant plaisir intense et urgence urinaire, ressentie juste avant le squirting.
  3. Les Glandes de Skene : Comme mentionné, elles entourent l'urètre et libèrent l'éjaculat.
  4. La Paroi Vaginale Antérieure : La stimulation de cette paroi agit comme un intermédiaire mécanique, appliquant une pression et une friction sur toutes les structures sous-jacentes du CUV.

C'est la stimulation intense et continue de cet ensemble – une sorte de **synergie anatomique** – qui, en plus de générer des orgasmes, peut déclencher le réflexe musculaire conduisant au squirting.

Le Rôle Essentiel des Musclés du Plancher Pelvien et du Système Nerveux

L'expulsion des fluides (surtout le squirting abondant) est avant tout un événement musculaire et neurologique.

Mécanisme Neurologique et Musculaire

L'orgasme, et par extension l'émission fontaine, est régulé par le système nerveux autonome. La stimulation du CUV est transmise via le **nerf pudendal** et les plexus nerveux adjacents, déclenchant le pic d'excitation.

  • Les Contractions : L'orgasme s'accompagne de contractions rythmiques et puissantes des muscles du **plancher pelvien** (notamment le muscle pubococcygien).
  • Le Relâchement Vésical : L'hypothèse scientifique dominante est que, chez les personnes qui squirtent, l'intensité de la stimulation du CUV, combinée à une décharge nerveuse intense, provoque un **relâchement involontaire et spasmodique** du sphincter urétral et du col de la vessie. Ce relâchement permet à une partie du contenu vésical (l'urine diluée) d'être expulsée violemment sous la pression des contractions des muscles pelviens.

C'est pourquoi le **lâcher-prise psychologique** est souvent cité comme un facteur clé : la femme doit dépasser la sensation d'urgence d'uriner et permettre à son corps d'exécuter ce réflexe de décharge. Toute tentative de retenue musculaire consciente (par peur ou par honte) inhibe généralement ce réflexe, expliquant pourquoi le squirting est un phénomène qui échappe au contrôle volontaire.

La Technique et le Lâcher-Prise : Comment Squirter ?

L'émission fontaine est un phénomène physiologique qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas une capacité innée réservée à une minorité. Elle est une réponse corporelle qui nécessite deux conditions essentielles : une stimulation physique ciblée et un lâcher-prise psychologique total. La pression de performance et la peur (notamment la confusion avec l'urine) sont les principaux obstacles à sa réalisation. Aborder le squirting comme un jeu d'exploration plutôt que comme un objectif est la première étape vers le succès.

L'Importance Cruciale du Cadre et de la Détente

Avant même de parler de technique, le contexte et l'état d'esprit sont déterminants. Le squirting est, par essence, l'abandon du contrôle du sphincter urinaire, un muscle que l'on a appris à maîtriser depuis la petite enfance.

  • Le Lâcher-Prise Psychologique : La sensation qui précède l'expulsion est une **urgence d'uriner** intense. Si la personne se retient par peur ou par honte, le phénomène ne peut pas se produire. La clé est de s'autoriser à "faire pipi", en comprenant que le liquide sera dilué et que l'acte est lié à l'excitation. La confiance dans le partenaire et le cadre (par exemple, utiliser une serviette ou être sous la douche) est vitale.
  • L'Hydratation : La quantité de fluide disponible dans la vessie est évidemment un facteur. Être bien hydraté avant l'activité sexuelle augmente le volume potentiel d'émission et aide à rendre le liquide expulsé encore plus clair et inodore. Boire suffisamment d'eau dans les heures qui précèdent est souvent recommandé.
  • La Communication : Le squirting est rarement un accident. Il est souvent le fruit d'une exploration mutuelle. Le ou la partenaire doit comprendre que l'intensité de la stimulation doit être maintenue malgré les signaux de tension ou d'envie d'uriner, et doit rassurer la personne sur l'absence de jugement.

Les Techniques de Stimulation Ciblée

Le squirting est déclenché par l'excitation intense du Complexe Clitoro-Uréthro-Vaginal (CUV), cette zone profonde située sur la paroi antérieure du vagin, près de l'os pubien. L'objectif est d'atteindre le point où cette stimulation irradie vers la vessie.

Stimulation Manuelle Interne (Digitale)

La technique la plus classique vise à exercer une pression sur la paroi supérieure du vagin.

  1. Localisation : Insérez un ou deux doigts dans le vagin et orientez-les vers le haut, comme si vous pointiez le nombril. C'est là, à environ deux à quatre centimètres de profondeur, que se trouve la zone CUV.
  2. Mouvement : Utilisez un mouvement de « viens-ici » (ou de "crochetage") pour masser et exercer une pression ferme sur cette zone. Le mouvement doit être rythmique et ciblé. La pression doit être suffisante pour mobiliser les tissus, mais jamais douloureuse.
  3. Intensité : Augmentez progressivement la vitesse et la pression à mesure que l'excitation grandit. C'est souvent l'augmentation de la pression qui déclenche le réflexe vésical.

Stimulation par Pénétration

Si le pénis ou un jouet sexuel est utilisé, l'angle est primordial, car la pénétration classique (horizontale) ne stimule pas efficacement la paroi antérieure.

  • L'Angle : Privilégiez les positions où la pénétration peut être dirigée vers l'avant, comme la position de la « cuillère » (côte à côte) ou la levrette où le bassin est surélevé (en plaçant un oreiller sous le ventre ou le pubis) pour que l'organe soit orienté vers le haut, contre la zone CUV.
  • Les Jouets Incurvés : Les sextoys spécifiquement conçus pour stimuler la zone G ont souvent une courbure qui maximise la pression sur cette paroi antérieure, facilitant le processus.

Le Rôle des Contractions (Kegels)

Les muscles du plancher pelvien (qui sont renforcés par les exercices de Kegel) jouent un double rôle dans le squirting.

  • Augmentation de la Sensation : Un plancher pelvien tonique augmente la sensibilité de la zone CUV, rendant la stimulation plus intense et facilitant l'accès au réflexe.
  • Contrôle de l'Expulsion : Certains rapports suggèrent que la personne qui squirt peut utiliser ses muscles pelviens pour « pomper » ou contrôler le jet, bien que l'acte initial reste un relâchement musculaire involontaire. Renforcer ce plancher permet d'améliorer la conscience corporelle de cette zone.

Le Paradoxe du Lâcher-Prise

Le plus grand défi du squirting n'est pas physique, mais psychologique. Le réflexe est l'équivalent d'une éjaculation : c'est une contraction soudaine et puissante qui relâche la tension accumulée.

Ce réflexe est bloqué par la moindre tentative de contrôle ou d'autocensure. La personne qui souhaite squirter doit consciemment accepter de se laisser aller, de faire abstraction de l'éducation reçue sur la propreté des fluides corporels, et de ne pas retenir l'urgence d'uriner. C'est pourquoi, pour beaucoup, la première expérience survient souvent lorsqu'elle est la plus inattendue ou dans un contexte de détente extrême (sous la douche, par exemple, où l'idée de "mouiller" n'existe plus).

En résumé, pour réussir le squirting, la technique physique doit être soutenue par une véritable permission émotionnelle. Le corps doit être dans un état d'excitation intense, tandis que l'esprit doit être dans un état de capitulation absolue face au plaisir.

Le Squirting dans l'Histoire et les Cultures

Le squirting, loin d'être une simple mode popularisée par l'ère numérique et la pornographie, a traversé les siècles et les continents. Son interprétation a varié considérablement, passant du statut de **signe mystique de fertilité** à celui d'une **curiosité médicale**, avant d'être finalement instrumentalisé par la culture populaire. L'histoire de ce phénomène révèle à quel point la sexualité féminine est restée une énigme, même pour les esprits les plus éclairés.

Une Longue Histoire de Méconnaissance Médicale

Avant les avancées de l'urologie au XXe siècle, l'anatomie féminine était largement mal comprise, en particulier concernant le système urinaire et les glandes sexuelles annexes.

  • Regnier de Graaf (XVIIe siècle) : L'un des premiers anatomistes à décrire les structures que nous appelons aujourd'hui les Glandes de Skene. Dans ses travaux sur les organes reproducteurs féminins, il a mentionné des canaux près de l'urètre qui sécrétaient un liquide lors de l'excitation. Bien qu'il n'ait pas formellement décrit le squirting, ses observations ont jeté les bases de la compréhension de l'éjaculat féminin. Ces structures furent plus tard "redécouvertes" et nommées d'après le gynécologue écossais **Alexander Skene** à la fin du XIXe siècle.
  • Le Silence Victorien : À l'époque victorienne et au début du XXe siècle, la sexualité féminine était médicalement réduite à la reproduction. Tout fluide corporel non lié à la menstruation ou à la lubrification était soit ignoré, soit considéré comme une anomalie, voire une **forme d'incontinence pathologique**. Cette méconnaissance a longtemps entravé toute recherche sérieuse, alimentant le mythe selon lequel un orgasme ne devrait pas impliquer de perte de fluide abondante.

Le Mythe de la « Femme Fontaine » dans la Culture Populaire

L'intérêt pour le squirting a explosé au cours des dernières décennies, principalement à cause de sa mise en scène par l'industrie pornographique. Ce phénomène a eu un double impact : il a démystifié le tabou pour beaucoup, mais a aussi créé une attente irréaliste et toxique.

  • Idéalisation et Pression : Dans la pornographie, le squirting est souvent présenté comme le **signe ultime de plaisir féminin**, un marqueur de performance pour l'acteur masculin, et le but à atteindre pour la partenaire. Cette idéalisation est problématique car elle crée une pression de performance (anxiété de performance) chez les personnes qui ne squirtent pas, laissant croire que leur plaisir est incomplet.
  • Instrumentalisation : Le squirting est souvent exagéré ou mis en scène dans les films pour son côté spectaculaire (le "show") plutôt que pour sa réalité physiologique. Cela amplifie le malentendu sur la nature du fluide, le faisant passer pour un fluide érotique rare et non pour un phénomène principalement vésical associé à un relâchement intense.

Interprétations dans les Cultures Ancestrales

Alors que la culture occidentale a souvent oscillé entre le silence et la fétichisation, certaines cultures ancestrales ont intégré l'émission de fluides féminins dans leur conception de la vitalité, de l'énergie et de la spiritualité.

  • L'Énergie Sexuelle et les Fluides Vitaux : Dans certaines traditions orientales, notamment liées au Taoïsme et au Tantra, les fluides corporels sont considérés comme des manifestations d'énergie vitale (*Qi* ou *Prana*). L'émission de fluides abondants, bien que non explicitement nommée "squirting", pouvait être interprétée comme le signe d'une **montée d'énergie sexuelle puissante** et d'une connexion profonde. La conservation ou l'échange de ces fluides était parfois valorisé dans des pratiques visant à augmenter la longévité ou la vitalité.
  • Les « Femmes Fontaines » en Asie et en Afrique : Des récits et des traditions orales existent dans diverses cultures, notamment en Asie du Sud-Est (Japon, Chine) et dans certaines régions d'Afrique, qui reconnaissent et valorisent les femmes ayant la capacité d'émettre des fluides lors de l'acte sexuel. Ce phénomène est parfois associé à la **fertilité** ou à un statut spirituel élevé, loin de toute notion de honte ou d'incontinence. Ces anecdotes suggèrent que l'acceptation culturelle de ce phénomène est loin d'être universellement négative.

Le Changement de Paradigme Scientifique (Post-Années 1980)

Il a fallu attendre les années 1980 et l'essor de la sexologie moderne pour que le squirting soit réexaminé sans a priori. L'étude la plus célèbre, celle d'Addiego et al. en 1981, a relancé le débat en décrivant l'expulsion de fluides à partir de la région du "Point G", poussant la recherche à aller au-delà des observations superficielles.

Aujourd'hui, l'histoire du squirting est celle d'une double victoire :

  1. **Clarification Médicale :** Le phénomène a été largement identifié comme une expulsion vésicale (squirting) ou prostatique (éjaculat), le sortant du domaine du mystère.
  2. **Réhabilitation Culturelle :** Comprendre l'origine du liquide permet de le déstigmatiser. Savoir que ce n'est pas une maladie mais une réaction physiologique associée à un plaisir intense libère les individus de la honte et leur permet de l'accepter, qu'il se produise ou non.

Conclusion : Au-Delà du Liquide, la Confiance et l'Acceptation

L'exploration scientifique et culturelle du squirting nous mène à une conclusion essentielle : ce phénomène, qu'il soit abondant (principalement d'origine vésicale) ou discret (le véritable éjaculat prostatique féminin), doit être sorti de l'ombre du mythe pour être réintégré dans le champ d'une sexualité saine et sans jugement. L'obsession culturelle et la pression médiatique autour du squirting n'ont fait qu'obscurcir une réalité physiologique simple et, surtout, détourner l'attention de ce qui compte le plus au lit : l'intimité et la connexion mutuelle.

Le Message Clé de la Science : Normaliser la Diversité

La science est formelle. Le **squirting** est une expulsion involontaire, mais non pathologique, de fluide provenant majoritairement de la vessie, déclenchée par une stimulation intense du complexe Clitoro-Uréthro-Vaginal (CUV) et un **lâcher-prise** psychologique. L'éjaculation féminine est, quant à elle, l'émission d'un liquide prostatique authentique (contenant du PSA), en petite quantité, issu des glandes de Skene. Ces deux phénomènes sont :

  • Naturels : Ils font partie de la gamme des réponses sexuelles possibles du corps humain.
  • Non-Universels : Seule une fraction des personnes ayant une vulve en fait l'expérience, et ce, sans lien avec la qualité ou l'intensité de leur orgasme.
  • Déstigmatisés : Savoir que le liquide est principalement de l'urine diluée ne doit pas être une source de honte. Au contraire, c'est une preuve de l'extraordinaire capacité du corps à se relâcher complètement sous l'effet du plaisir intense.

Vaincre la Pression de Performance

Le plus grand danger posé par l'idéalisation du squirting est la **pression de performance** qu'elle génère, souvent alimentée par des représentations pornographiques peu réalistes. Le fait qu'une personne "squirte" ne garantit en rien la profondeur de son plaisir, pas plus que l'absence de ce phénomène ne signifie un orgasme médiocre. Se concentrer sur un objectif physique aussi spécifique que le squirting peut créer de l'anxiété et, ironiquement, **inhiber le lâcher-prise** nécessaire à son déclenchement.

L'énergie que l'on dépense à essayer d'obtenir un jet pourrait être mieux investie dans l'exploration mutuelle, la **communication honnête** et l'expérimentation de diverses formes de plaisir. En fin de compte, l'organe le plus important au lit n'est ni la vessie, ni les glandes de Skene, mais le **cerveau**, car c'est lui qui orchestre la réponse émotionnelle, la confiance et le désir.

L'Acceptation : La Véritable Clé de l'Épanouissement Sexuel

La véritable libération sexuelle ne réside pas dans l'atteinte d'un "Graal" physique imposé par la culture populaire, mais dans l'**acceptation de son corps** et de ses réponses uniques. Que vous squirtiez occasionnellement, régulièrement, ou jamais, le plaisir est valide et complet.

En partageant ces connaissances scientifiques, notre objectif est de fournir les outils nécessaires pour que chaque individu et chaque couple puisse :

  1. **Célébrer la diversité :** Reconnaître que les corps réagissent différemment.
  2. **Éliminer la honte :** Mettre fin à la confusion entre squirting et incontinence.
  3. **Prioriser la connexion :** Replacer l'intimité, la tendresse et la technique au centre de l'équation du plaisir.

Le squirting est une merveille anatomique et physiologique, mais il n'est qu'une des mille manières dont le corps exprime un plaisir intense. La seule mesure qui compte vraiment est la qualité de l'expérience partagée et le niveau de confiance et de joie que vous trouvez dans votre sexualité.

Cet article vous a-t-il plu ?
Thepornator logo Avez-vous 18 ans ?

En cliquant sur le bouton ci-dessous, vous confirmez que vous avez au moins 18 ans et que vous consentez à voir des contenus pour adultes.

En accédant à Thepornator, vous acceptez notre Politique de Confidentialité et d'utilisation des cookies.